
Carrefour (étude I)
Collagraphie, encre et graphite sur papier
2009/2011
Au carrefour des plaques et des encres, sous l'écorce moussue,
creuser jusqu'à la marge les surfaces à peine éveillées.
Aujourd’hui, dressée dans la saison de l’intime, une structure éphémère de fausse cathédrale découpe des bleus sur un ciel de presque automne.
Accrochés aux galeries, les cartons ondulés prennent la place que nous leur avons jadis donnée.
Le discours, logorrhée, bavardage, amoncellement de mots, usurpe l’essence de l’image et l’image elle-même.
Faut s’y faire. Le médecin meurt d’avoir trop soigné.
Me voilà avec des lambeaux de lieux communs aux creux des paumes, au bout des doigts, sous les ongles.
Où trouver le dire dans les effilochures des catalognes de lit et des tapis tressés?
Et quel dire?
En reste-t-il des bribes, pour les orpailleuses tardives, dans les phrases pauvres et difformes d’un fond de nid de rivière?
J’emprunte à la terre quelques pierres érodées. Je les pose loin de vos espaces liquides et aériens.
Je sais vos mots, je connais vos routes.
Je vous laisse à vos ombres noires. À vos croisements fluides.
Matière avec la matière, je marche dans la densité. J’apprends la douceur de musiques et de langues étrangères.
Je vois vibrer les couleurs, naître la lumière.